Articles et commentaires

Critique du Calvaire des innocents

parue dans Noir comme Polar en mars 2007

C'est un Vendéen courroucé qui parcourt, en ce matin de mai 1817, le chemin de terre de la Motte-Giraud. Cette fois-ci, François Balquet est en avance et il ne ratera pas la patache de La Chataîgneraie. Mais au vieux calvaire de la Croix-Robert, un coup de fusil en décide autrement. Conseiller municipal, instituteur bénévole pour les enfants du village, François Balquet était une figure importante de cette région campagnarde où la vie s'égaille entre hameaux isolés, petits villages et gros bourgs. L'enquête est confiée à un jeune juge d'instruction de Bourbon-Vendée, Simon Nourry. Ce coin de campagne, le jeune homme ne le connaît que trop bien, et il n'y a pas que des bons souvenirs. Nourry ne voulait pas de cette affaire qui le renverrait sur les terres de son enfance mais le procureur a insisté... Accompagné d'un jeune gendarme, Jean Jeanneau, Simon Nourry se rend sur place. À leur arrivée, Saint-Jean-des-Lys est désert. Tout le village se recueille au cimetière, autour du cercueil de François Balquet. Simon constate rapidement que les mentalités n'ont pas changé. Il est resté "le fils du brigand", baptisé ainsi par les républicains en l'honneur de son père qui s'était rangé du côté des insurgés vendéens, royalistes, au temps de ces guerres qui ravageaient la contrée. Jeanne, la belle et blonde cousine qu'il retrouvait en secret, est désormais mariée à Louis Béchaud, propriétaire de la plus grosse tuilerie de la région. Simon n'en n'a rien su. Ses lettres sont toujours restées sans réponse... Le juge d'instruction et son gendarme sont à peine installés à l'auberge qu'une échauffourée villageoise leur amène un coupable tout désigné en la personne de Chasseloup, un ouvrier du coin. On retrouve chez lui des objets appartenant à Balquet mais Nourry n'est pas dupe: Chasseloup n'était pas très apprécié dans les villages, rapport à ces tueries où il s'est illustré pendant les guerres de Vendée et s'introduire dans sa masure pour y déposer de quoi en faire l'assassin de Balquet ne présentait aucune difficulté... pour qui connaît bien les habitudes locales... De son côté, la sœur du défunt se souvient d'une broutille et comme le juge insiste sur les détails... Quelques jours avant sa mort, elle a trouvé son frère, très troublé, devant une médaille et une liste de prénoms sur un bout de papier. Elle ne se souvient plus des prénoms mais elle est capable de décrire la médaille. Simon Nourry l'écoute et les paroles de Marie Balquet le renvoient brusquement à sa propre adolescence. Cette médaille, quand il l'a vue pour la dernière fois, ses mains l'accrochaient au cou de Jeanne...

Cet épais roman policier historique raconte les guerres de Vendée du point de vue, pas souvent exploité, de ces petites gens ballottés au gré des remous de l'Histoire, s'engageant pour un camp puis pour l'autre, campant rageusement sur leurs positions ou essayant simplement de survivre. L'attention du lecteur est rapidement subjuguée par cette intrigue, soignée de bout en bout et régulièrement nourrie d'éléments nouveaux. Les personnages sonnent justes et sont tous parfaitement crédibles. La narration est basée sur une langue classique, toute de fluidité, savoureusement émaillée de patois local. Un vrai délice, même pour qui n'est pas vendéen!

Interview de Jean-Paul Grellier

par Sophie Colpaert en mars 2007

Sophie Colpaert : Le Calvaire des innocents est-il votre premier roman, votre premier roman policier et si oui, pourquoi avoir choisi, justement, le genre policier ?

Jean-Paul Grellier : Le Calvaire des innocents est mon premier roman. Je ne sais vraiment si on peut le classer complètement dans la catégorie des polars. En fait, il est au croisement de trois genres : roman policier, roman historique et aussi roman de terroir. Ce qui ne m’a pas facilité la tâche pour trouver à être édité : trop "thriller" pour les romans de terroir, trop "terroir" pour le monde particulier du polar. Même l’éditeur Cheminements a eu quelques hésitations pour le choix de la collection, entre "Chemins Noirs", sa collection polars, et "une histoire pour l’Histoire" , sa collection de romans historiques. Finalement, c’est cette dernière collection qui a été choisie.

Sophie Colpaert : Pourquoi avoir choisi le genre policier ?

Jean-Paul Grellier : Inconsciemment sans doute parce que mes propres goûts en matière de lecture me portent assez facilement vers ce genre !

Sophie Colpaert : Quels sont, justement, vos auteurs et vos romans de référence?

Jean-Paul Grellier : En fait je suis un peu "éclectique". Dans ma jeunesse je me suis nourri aux aventures d’Arsène Lupin ! J'adore aussi les polars historiques étrangers : Ellis Peters (Cadfaël), Raymond Van Gulik (le juge Ti), Boris Akounine. Aussi bien sûr Fred Vargas... Et Arturo Perez-Reverte, Le Tableau du maître flamand... un de mes romans préférés. Le cadre général du polar (détectives, enquêtes, fausses pistes, mobiles, suspects…) oblige à une grande rigueur dans la construction, correspondant assez bien à ma formation scientifique. De plus, dans un polar, on va "regarder" l’intrigue et l’évolution des personnages plus que le style littéraire. Rappel : je n’ai aucune formation littéraire et j’ai dû (après trente-cinq ans d’oubli) retrouver la grâce de la concordance des temps et la magie des imparfaits du subjonctif ! Le genre policier se prête admirablement bien à la construction de récits lorsque l’on veut aborder la face un peu noire de nos sociétés avec ses démences, ses folies et ses dérives, voire même la complexité de certains rapports sociaux. Le roman historique peut facilement diverger, soit vers des aspects plutôt frivoles (avec les amours de jolies princesses) soit vers un académisme un peu pédant. Y introduire le genre policier enrichit le récit en apportant le mystère et le suspense.

Sophie Colpaert : À la lecture du roman, on ressent, presque physiquement, toutes les tensions qui règnent dans ces bourgs vendéens si malmenés par l'Histoire. L'effet a-t-il dépassé votre plume ou était-il consciemment recherché?

Jean-Paul Grellier : Dès le départ, j’ai voulu structurer le récit afin d’y apporter du rythme, une sourde ambiance de mystère et de dissimulations et des moments à fort contenu émotionnel. Y suis-je arrivé ? Ce sera aux lecteurs de juger. J’ai situé l’intrigue à une époque [1817] postérieure de plus de vingt ans aux derniers combats de cette guerre de Vendée, considérée, par les historiens d’aujourd’hui, comme l’une des premières guerres civiles de notre époque contemporaine. Ce décalage dans le temps m’autorisait ainsi à aborder le problème de la reconstruction d’une société rurale ravagée par les haines et les massacres et ce qui va de pair, à savoir les démences, les dérives et les rancunes qu’entraînent les tueries fratricides. Sujet ô combien toujours d’actualité dans bon nombre de régions de notre globe.

Sophie Colpaert : Le roman fourmille de détails matériels sur le quotidien des petites gens de cette époque, leur parler, leurs habitudes de vie... Avez-vous fait beaucoup de recherches pour restituer ces éléments?

Jean-Paul Grellier : N’étant pas historien de formation, il n’était bien sûr pas possible de vouloir reconstituer une société rurale d’il y a presque deux siècles sans procéder à de nombreuses recherches. Recherches dans les archives locales : pour donner une couleur "vraie" aux patronymes et aux lieux-dits, pour cerner les métiers des gens, pour appréhender des réalités sociales (comme les abandons d’enfants)… Recherches aussi (tant en bibliothèque que sur Internet) pour sans cesse vérifier les moindres détails (par exemple, un petit notable campagnard pouvait-il porter une montre à gousset en 1817 ?) ou pour donner du corps à l’environnement historique (comme sur la conscription militaire, la description des uniformes de hussards…) Enfin, une grande part des détails mentionnés viennent de mes propres souvenirs (comme ces surnoms étonnants qu’on pouvait donner aux attelages de bœufs) et de ce que racontaient mes aïeux lorsque j’étais enfant.

Sophie Colpaert : Retrouvera-t-on Simon Nourry et Jean Jeanneau, le sympathique gendarme, dans de nouvelles aventures? Des projets de romans policiers ?

Jean-Paul Grellier : J’ai écrit un deuxième roman. Un polar plus actuel dans lequel j’ai voulu apporter une vision personnelle des classes moyennes d’aujourd’hui et de ceux qu’un homme politique français qualifiait de "France d’en bas" en privilégiant une tonalité "douce-amère" et ironique. Il n’est pas encore publié. Peut-être le sera-t-il un jour ? Quant aux héros du Calvaire des innocents, ils ont été définis, dès le début, pour pouvoir être récurrents. Mais ça, c’est une autre histoire !

Critique des Cornes de pierre

parue dans blog 3E en juillet 2017

Le roman Les cornes de pierre de Jean-Paul Grellier est au cœur de l’enquête. Dans ce roman, une nouvelle fois, le juge Simon Nourry est envoyé à Fontenay-le-Comte, en Vendée pour élucider une affaire qui va générer de nombreux rebondissements.

Durant l’enquête, un procureur tremblera derrière son magnifique bureau Louis XV.

Nous sommes en 1817, dans un bateau qui approche de la Vendée, le marquis Maximilien de Salenceau rentre au pays, après un exil au Canada, où il s’est fait oublier. Étrange homme, il y a une trentaine d’années, il a été condamné à mort par contumace. Plutôt que de se retrouver au bagne pour ses crimes, il s’est enfui avant son procès et a filé au Québec, là où personne ne le connaissait sous son vrai jour.

Pourquoi, déjà, les magistrats rêvaient-ils de le pendre ? Dans la paisible bourgade de Fontenay-le-Comte, plus personne ne s’en souvient. Mais le marquis, lui, n’a pas oublié, loin de là. Il revient pour se venger et récupérer et son titre, et son château et ses terres vendéennes.

...

Une intrigue palpitante sur fond de guerres de Vendée.

Lire la critique complète sur le blog 3E

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Sur la Petite marchande de pulls

Passionnant. Roman plein d'humour.

Forgeard

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Parutions

Ré-édition, en mars 2016, de mon roman : "Le calvaire des innocents", paru en 2006 aux éditions Cheminements.

Version ebook, 4,99€, disponible chez 3E éditions 3E éditions. 3E éditions

Livre broché, 406 pages, 14 €, à commander chez Amazon. Amazon.fr

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Parution, en février 2017, de mon roman : "Les cornes de pierre".

Version ebook, 4,99€, disponible chez 3E éditions 3E éditions. 3E éditions

Livre broché, 524 pages, 16 €, à commander chez Amazon. Amazon.fr

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